Alpha Wess, la voix des jeunes
Notre invité du mois est un jeune qui défend souvent les autres jeunes. On ne nous dira pas le contraire à Taouyah.
On l’appelle ‘’badè guemba’’, il est le créateur du Mourag, le mouvement des rastas de Guinée.
Bien sûr, il s’agit de Alpha Wess. L’enfant de Dixxin, qui vit aujourd’hui à Montreuil, une banlieue proche de paris. Il a accepté de répondre à nos questions malgré son emploi du temps chargé. En plus à la veille de son concert à la grosse mignonne.
Si on te demandait de te présenter, que diras tu ?
Alpha Wess, je suis musicien reggae man guinéen, réfugié politique en France.
Ecoutes tu le rap guinéen ?
Oui. Je l’écoute en général…
Notre dossier est : le rap guinéen et la musique traditionnelle, qu’en penses tu ?
Je pense qu’ils font un bon mélange. La musique n’a pas de frontière. C’est comme l’amour. Moi par exemple je fais retentir de la cora et du djémbé dans ma musique. C’est plutôt agréable à entendre.
Jack Woumpack te cite dans ‘’T B H M’’ (bendé foié), tu es une référence pour les rappeurs engagés…
Si tu le dis. Je ne suis pas meilleur aux autres. Mais j’ai été le premier, j’ai pris de l’avance.
Les pionniers du rap guinéen ont tous quitté la Guinée
Il réfléchit, l’occident n’est pas un passage obligatoire. C’est la Guinée
D’ailleurs arrivé ici ce n’est pas tout le monde qui continue à faire la musique. Il y’a d’autres difficultés, une autres galère à affronter. Mais au moins ici, l’autorité n’est pas sur ton dos parce que tu es artiste engagé.
Dans ton premier album ‘’baadè guemba’’, dans la chanson << alpha sa keli kharera >>, déçu de Conakry tu demande qu’on te laisse retourner au village. Mais aujourd’hui tu vis à paris, c’est mieux que le village ?
Non pas du tout. Cette chanson c’était pour dire que les militaires font n’importe quoi. Sinon je préfère le village. Je ne ressens pas de ségrégation dans les regards, je ne subis aucun contrôle à cause de ma couleur…
Tu as été contrôlé ?
Je ne le dis pas pour moi, j’en n’ai pas encore été victime. Mais c’est bien possible que je me fasse contrôlé à cause de ma peau.
Je pense que les français sont racistes. Il faut le dire qu’on le sache chez nous. Que les gens ne soient pas étonnés à leur arrivée ici, 65% des français se disent racistes.
Moi Alpha Wess j’insiste et signe : ici je suis moins qu’un chat ou un chien d’un blanc au yeux du blanc.
Dans la chanson ‘’baga n’nana’’ tu fais une incitation à la consommation de la drogue douce.
Il hausse les épaules. Ben ! Tant mieux. De toute façon tu sais très bien qu’à Conakry tout le monde est saoul même sans avoir consommé le shit, vu la situation actuelle. Donc ce n’est pas moi qui incite les jeunes à la consommation de la drogue. Ils pensent que la droguent résout leurs problèmes
Tu dénonces l’excision dans le même album…
C’est un mal, un crime organisé. Et elle n’est prévue dans aucun livre sacré. Il n’y a aucune raison de faire de l’excision. Elle n’a que des méfaits biologiquement, et ça n’a rien avoir avec la culture.
Le 10 mai est désormais consacré à la commémoration de l’esclave en France, et le lendemain c’est l’anniv de la mort de Bob Marley … .
D’une pierre on a fait deux coups. D’abord on a fait une exposition sur l’esclavage le 10 à Montreuil et le 11, on a fait un recueil pour l’âme de Bob.
Ton vrai nom est Mohamed Bangoura et ton nom de scène est Alpha Wess, ça fait penser à Alpha Blondy qui a fait aussi une partie de sa vie en France, c’est ton idole ?
Non ! Mon idole est Bob, les autres je les apprécie en tant que musiciens.
